Valenciennes
Beffroi
Beffroi construit entre 1250 et 1260. Outre l'activité des sonneurs de cloches, le beffroi accueille aussi une bande de deux puis quatre ménétriers chargés d'assurer les offices musicaux du Magistrat de la ville de Valenciennes.
Des hommes associés
- Bassez [Bassé, Basset], Dominique Marie Joseph
- Bassez [Bassé], Jean François
- Bauduin [Bauldoin, Baulduin], Grégoire
- Bondu, Jean Baptiste [Batiste]
- Bougenier, Saulve
- De Croisilles, Jacques II
- Dutrieux, Jacques Alexis
- Parent, Laurent
- Pennaville, Pierre Vaast
- Répost [Repose, Reposte, Repots], Jean Baptiste
- Roda, Antoine
- Rombaut, Cornil
- Rombaut, Martin
- Schinckel, Daniel
- Schinckel, Richard
- Symon, Pierre
Des musiques associées
Au XVe siècle, les joueurs de hautbois succédèrent aux ménestrels. Longtemps, ils conservèrent le nom de leurs prédécesseurs : on les désignait sous le titre de "Ménestreux" (BMV, Ms 720). Le nom populaire de "museux" fut ensuite attribué aux quatre joueurs de hautbois qui jouaient tous les jours, notamment les jours de foire et de marché, au balcon du beffroi. On a souvent attribué cette fondation à Jacquemart Levayrier, échevin de la ville de 1497 à 1520. Toutefois, il est vraissemblable que cette institution ait été bien antérieure.
Les joueurs de hautbois de Valenciennes se partageaient à quatre les revenus de leurs domaines (67 mencaudées de terre cédées par Jacquemart Levayrier en 1522, soit environ 14 hectares). Les Museux étaient tenus de jouer le matin et le soir, puis à partir de 1528, chaque jour à midi et du matin au soir les jours de marché. Ils touchaient annuellement environ 900 livres. Une pension était assurée à la femme et aux enfants en bas-âge du joueur de hautbois, non seulement en cas de mort, mais aussi d'infirmité.
Assez fréquement, le Magistrat honorait de sa présence les artistes de la chapelle Saint-Pierre. Parmi les Museux du XVIIIe siècle, nous voyons figurer les Basset, les Bondu, les Réposte... qui appartenaient à la Chapelle du Magistrat. Ces musiciens cumulaient parfois les postes de musicien à la Chapelle Saint-Pierre et de museux. Ce fut le cas de Dominique Basset qui prend la place de son père au beffroi en avril 1763, puis intègre la Chapelle Saint-Pierre en septembre de la même année en remplacement du Sieur Schinckel.
La place de Museux était donc assez convoitée, d'autant que ces artistes recevaient des émoluments supplémentaires pour leur concours aux fêtes ou cérémonies municipales. L'analyse des comptes de la ville montre ainsi la présence de ces musiciens le 4 juin 1698 pour la publication de la paix de France et de l'Empereur, le 22 juillet 1703 pour la célébration de la victoire remportée sur les Hollandais, le 15 aout 1712 "durant le feu de joye pour la prinse de Denain et Marchiennes", le 12 février 1714 "pour avoir joué du hautbois par ordre de Messieurs du Magistrat pendant le temps que le Prince de Collone a fait sa cavalcade sur la place", en 1722 pour "les feux de joye qu'on a faits pour le sacre du roi Louis XV", le 2 septembre 1731 "pendant le feu de joye pour l'heureux accouchement de Madame de Boufflers"...
Toujours en poste à la fin du XVIIIe siècle, les museux seront même rejoints en 1763 par deux cors de chasse, deux bassons, et un timbalier. C'est dans cette formation et à cheval qu'on les retrouvera le 2 juillet 1763 pour la publication du traité de Paris du 10 février.
La Révolution mettra toutefois un terme à leurs accords malgré les réclamations de l'autorité locale et le soutien de la population. Le vente de leurs biens, de leurs 67 mencaudées, sera prononcée par l'administration centrale du département du Nord à Douai, le 6 prairial an VII.
Quel fut le répertoire de ces musiciens ? Nous n'en trouvons malheureusement aucune trace dans les archives municipales. A défaut d'un patrimoine local, la redécouverte du répertoire du début du XVIIIe siècle pour bande de hautbois, tel les marches de Philidor l'Ainé, peut nous permettre au moins d'approcher les sonorités et le caractère de cette formation singulière.
Auteur(s) de la fiche : P. Perlot et F. Guilloux (16 février 2014)
Valenciennes, Bibliothèque municipale |
Ms. 720 Ms. 722 Ms. 753 |
A. Dinaux, « Le Beffroi de Valenciennes », Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Midi de la Belgique, 2e série, t. 4, (1842), p. 250-267. |
H. Caffiaux, « Les Francs des cinq offices des feux. XIIIe, XIVe et XVe siècles », Bulletin de la commission historique du département du Nord, 11 (1871), p. 133-165. |
H. Caffiaux, « Le Beffroi et la Cloche des ouvriers en 1358 », Mémoires historiques sur l’arrondissement de Valenciennes, 3 (1873), p. 1-26. |
É. Carlier, Les Joueurs de hautbois de la ville de Valenciennes : étude historique, Valenciennes, G. Giard et A. Seulin, 1881. |
C. Cappliez, Histoire des Métiers de Valenciennes et de leurs patrons, Valenciennes, G. Giard, 1893, p. 311-316. |
P. Perlot, « Les ménétriers à Valenciennes sous l’Ancien Régime », Valentiana, 29, 2002, p. 33-48. |
Auteur(s) de la fiche : P. Perlot et F. Guilloux (16 février 2014)